La Mante

L'insecte humanisé, qui attend de dévorer sa proie vivante dans une posture de prière, est une image troublante. Les lignes anguleuses et les griffes pointues renforcent l'effet agressif.
En même temps, cette sculpture est vulnérable. La pose est celle de l'insecte en position d'attaque, une posture adoptée face à une grande menace.

Cette créature est une véritable fusion entre l'homme et l'insecte. Il ne s'agit pas d'une transformation de l'un en l'autre, mais d'un état intermédiaire, à la fois inquiétant et impressionnant. La fusion de l'homme et de l'insecte dépeint un cauchemar existentiel : la menace ne vient pas de l'extérieur, c'est l'homme lui-même qui est cruel.

Germaine Richier est une sculptrice et graphiste française. Jusqu'en 1939, elle réalise des portraits réalistes et des nus féminins. Pendant et après la guerre, son univers artistique se peuple des créatures les plus fantastiques. Les personnages de Richier peuvent encore être identifiés comme des personnes, mais leur humanité est fragile et complexe. Les surfaces brutes, griffées et rongées de ses sculptures témoignent de l'angoisse existentielle et des dilemmes résultant de la Seconde Guerre mondiale.